Evidence Based Révisions, édition 2024


En 2008, Jeffrey Karpicke et son équipe testaient expérimentalement la méthode de révision dite des rappels espacés
Principe qu’on attribue historiquement à Hermann Ebbinghaus et connu depuis de nombreuses années en psychologie & en sciences de l’éducation, on sait que répéter une information plusieurs fois en espaçant les rappels permet une meilleure consolidation des connaissances en mémoire. C’est la fameuse courbe de l’oubli, qui découle de l’apprentissage distribué.

C’est un exemple parmi d’autres qui permet de dire que les sciences de l’éducation (et les sciences cognitives vu que les connaissances sont produites ici) ont encore beaucoup à apporter à l’éducation. En tant qu’étudiant universitaire depuis maintenant 7 ans, j’ai pu comme beaucoup tester de nombreuses méthodes de travail parfois farfelues et d’autres fois relativement efficaces, puis au moment de se plonger dans la littérature scientifique j’ai pu faire des découvertes assez utiles pour prendre les cours, les comprendre, et surtout : les apprendre.

Evidence based révisions, est dérivée de l’expression “evidence based practice” dans le domaine des sciences, qui est l’utilisation de données basées sur les faits, faits qui doivent être valides et à jour à l’heure où l’on s’en sert. Et c’est précisément ce que va être cet article, et ceux qui suivront peut-être. Un recueil des données disponibles à l’heure actuelle pour savoir quelle peut être la bonne manière de travailler en cours, et gagner du temps pour éviter que comme moi, vous passiez 10 ans à chercher comment bosser. Alors d’un procrastinateur chevronné à des lecteurices avides de connaissances, laissez moi vous partager mes méthodes. J’espère que certaines vous seront utiles.

L’idée de base est partie du visionnage du travail d’Ali Abdaal, à l’époque docteur en médecine et entrepreneur britannique très talentueux dont je conseille le visionnage des anciens travaux qui sont très instructifs.


Le plan de bataille 2023-2024

Comme chaque année, j’essaie de mettre à jour et de compléter ce petit wiki du travail personnel. Le corps est sensiblement le même, mais j’essaie de l’agrémenter avec mes dernières trouvailles (venant de mes cours ou de recherches perso car c’est pas directement mon domaine d’étude).
La manière d’apprendre les cours peut varier d’un individu à l’autre. En s’inspirant du Learning Strategies Center de l’université de Cornell et pour faciliter le repérage, j’ai découpé la méthode de travail en 6 parties :

  1. Une prise de notes efficiente.
  2. La compréhension des cours.
  3. Une mémorisation efficace et bien répartie.
  4. Avoir une concentration solide pour travailler.
  5. Un sommeil régulier et de la motivation.
  6. Une organisation souple mais efficiente.

Si l’on parvient à réunir ces 6 éléments, aller en cours devient beaucoup plus intéressant car on s’enlève un paquet d’épines du pied. Je l’ai glissé en préambule, je suis un grand procrastinateur (même si je combat cette tendance ces derniers temps), et surtout je ne suis pas du tout scolaire. J’ai horreur des fiches, des heures de révisions inutiles en BU, et de bachoter des cours. Donc l’idée c’était de pouvoir avoir les connaissances dans ma tête sans trop forcer et rapidement histoire de pouvoir laisser du temps aux autres découvertes (comme lire la moitié des bouquins de la BU au rayon psycho, j’ai pas abandonné ce rêve fou).
L’article qui suit est très long comparé aux autres sur le blog, j’ai fait en sorte qu’il soit le plus complet possible même s’il est impossible d’être exhaustif sur un seul post.

I/ Prendre des notes

🔸 Pourquoi on doit apprendre à prendre des notes ?

L’importance d’une prise de notes efficace vient de ce constat simple :

Le débit moyen de la parole est de 2 à 3 mots par seconde (soit 120 à 180 mots par minute), mais la vitesse moyenne d’écriture manuscrite n’est que de 0,2 à 0,3 mots par seconde (soit 12 à 18 mots par minute) et de 40 à 100 mpm pour les plus efficaces à l’ordinateur.

Il est donc fondamental d’arriver à prendre des notes vite et bien, en visant l’essentiel et en essayant que cette pratique soit aussi productive que possible pour : 
1) éviter d’y passer des heures pendant et après les cours, 
2) qu’on ait un intérêt à y revenir après coup.

C’est d’après ce constat qu’on se penche sur une manière de prendre des notes assez intéressante, que je vous laisse découvrir.

🔸 L’historique de la méthode

Walter Pauk

Walter Pauk est le directeur du Study Center (maintenant le Learning Strategy Center) de l’université de Cornell aux états Unis, un centre d’étude des différentes méthodes pour apprendre. En 1940, il met au point une prise de notes polyvalente connue pour être très efficace pour l’écoute et la rétention des informations, et qui facilite grandement le travail de révisions : la prise de notes Cornell.

🔸 La méthode

La prise de notes Cornell fonctionne de la manière suivante :

On commence par séparer une feuille en plusieurs parties : 

  1. Tout en haut le titre de la partie et la date du jour
  2. À droite du trait, les notes que l’on va prendre par points. Inutile de prendre de longues phrases, les idées suffisent.
  3. À gauche du trait, la partie des questions. LA partie la plus importante de la prise de notes Cornell qui nous servira pour les rappels.
  4. Et tout en bas un résumé des notes prises au dessus.

🔸 Les notes

On les prend par points. Inutile de faire des longues phrases inutiles qui vont nous perdre au moment de relire, ce qui est intéressant c’est d’aller à l’essentiel.

⚠ ️Attention, on ne va pas en venir à mettre juste des mots clés en coupant le contexte de l’explication.
Le contexte est important. ⚠

Si possible, on va privilégier les listes. Comme dans l’exemple du dessus. C’est un moyen plus rapide de prendre les éléments en note car on économise le temps d’écriture des adverbes, compléments, etc.

La partie du bas est là pour écrire un résumé de la note, il est important de le faire pour s’obliger à synthétiser les informations. On a manipulé les informations, on les a travaillées mentalement, on s’en souviendra donc nettement mieux. → C’est de l’apprentissage actif, on travaille l’information.


source image : instagram sideceos
Pauk, Walter; Owens, Ross J. Q. (2010). How to Study in College (10 ed.). Boston, MA: Wadsworth. ISBN 978-1-4390-8446-5.
 Chapter 10: “The Cornell System: Take Effective Notes”, pp. 235-277

🔸 Scope the subject

Je n’ai pas trouvé de bonne formule pour traduire cette expression anglaise, qui aurait aussi bien pu être dans la partie mémoire/révision. Cela dit, si je devais l’expliquer ce serait simplement : mettre la partie de cours dans son contexte. Grâce à ça, on a nettement plus de facilités à faire des liens entre les notions vues, et donc on se souvient mieux. C’est savoir où se situe la notion par rapport à l’ensemble des notions que j’ai en tête et dans le cours.

Un cours c’est comme un arbre. Il a un tronc, et chaque partie c’est une branche, avec des sous-branches, etc. Donc quand on voit un cours et une partie, il faut voir ce qui l’entoure, à quoi ça se rapporte, dans quelle sous-partie ça se situe et de quelle partie, pourquoi…

🔸 Réviser avec les notes Cornell

Pour savoir comment réviser avec vos notes au format Cornell, regardez dans la partie mémorisation. Même si je pense que vous avez déjà deviné comment on s’en sert, il est plus logique de développer le sujet là bas.

Petit point de discussion des notes Cornell malgré toute l’affection que je leur porte : la méthode en tant que telle n’est pas magique. Elle n’a un intérêt que si l’étudiant organise sa pensée comme expliqué et fait l’effort de se questionner. En dehors de cette utilisation, la note Cornell ne donne pas de meilleurs résultats qu’une autre. Il faut donc s’en servir pour questionner ses connaissances et améliorer la rétention.

🔸 Sur ordi ou à la main ?

Vaste débat, long développement, conclusions floues. C’est ainsi qu’on pourrait résumer l’éternelle question de savoir s’il vaut mieux prendre les notes à la main ou à l’ordinateur.

Pendant un temps, la littérature en sciences cognitives donnait la prise de notes manuelles gagnante sur un aspect de rétention/mémorisation des cours, mais perdante en terme de puissance d’écriture (on écrit moins vite à la main qu’à l’ordinateur). Cependant, la littérature évolue constamment et le mode de prise de notes semble finalement n’avoir aucun effet sur la rétention (les faibles performances à l’ordinateur sont en fait liées au nombre de distracteurs présents sur un ordi plutôt qu’une feuille). La question alors n’est donc plus de savoir quel est le mieux, mais plutôt lequel VOUS convient le mieux ?

Dans tous les cas, l’usage d’abréviations est un impératif, il est également d’usage de rappeler qu’on n’écrit pas tout ce qui est présent sur les diapositives ni mot à mot ce qu’explique la personne qui donne cours.

Dans l’hypothèse où des étudiant.e.s prenant leurs notes sur ordinateur passeraient sur cet article et seraient à la recherche d’une application pour prendre des notes, j’ai réalisé le petit regroupement ci-contre pour un autre projet (qui finalement n’a jamais vu le jour). On y retrouve bon nombre des applications les plus abouties et je suis certain que vous pourrez y trouver votre compte.

Source image : infographie personnelle.

À titre personnel, je conseillerais Notion ou Amanote, qui semblent être les deux programmes qui colleront le mieux avec les méthodes que je développe ici.

🔸 Avoir le cours/les diapos en avance

Il est possible que cette partie fasse grincer des dents certains profs qui pourraient tomber sur cet article. « Mais quel intérêt d’avoir le cours en avance, après iels vont rien écouter en cours ? » Oui… mais non. Si une partie de la littérature explique que donner les diapositives avant dessert les élèves, ce n’est pas le cas de l’ensemble des articles sur le sujet.

Dans l’article de León & García-Martínez (2021) ainsi que dans Kim (2018), on peut lire que le fait de fournir les diapositives a un impact négatif sur les performances et la fréquentations des étudiants. Basiquement, si on file le cours avant, pourquoi s’embêter à y aller ? Mais, cet effet n’est valable que quand aucun support n’est fourni (ce qui est rare) et l’effet diffère selon que l’évaluation est à court ou long terme.

Il faut donc nuancer les conclusions et les résultats. Être étudiant.e c’est aller à 3 à 5 cours dans la journée parfois, des matières différentes, avec souvent pas mal de contenu. Se dire qu’on va prendre en note tout ce que dit le prof et ensuite retravailler les notes avec les slides pour maximiser l’apprentissage c’est bien, mais quid du temps passé ? Un des aspects trop souvent négligé pendant les études c’est la gestion du temps, qui se répercute sur les autres matières, la motivation, les loisirs (qui rechargent les batteries pour aller en cours ensuite), etc. Effectivement, avoir le cours en avance pour ne pas aller en amphi n’est pas une bonne idée parce que même si le cours est strictement le même, ça fait déjà une répétition/une révision.

Qu’est-ce qu’on fait alors ?

Voilà comment on peut procéder : trouvez un.e étudiant.e des années supérieure qui puisse vous filer ses notes (ou un autre moyen détourné que je ne consignerais pas ici pour préserver le secret entre les promos). Ayez le cours en avance et jetez-y un coup d’oeil avant le cours (c’est pas dur en 5 minutes avant l’amphi, dans les transports ou autre). Et completez-le pendant le cours.
==> De cette façon, en sortie de cours vous aurez 1,5 passages sur le cours (au lieu de 0,5 en ayant écouté en notant tout), vous aurez eu le temps d’écouter le cours en comprenant (ce qui gagne du temps pour ensuite), eu le temps de poser des questions (difficile en grattant des pages de notes) et la qualité du cours que vous refilerez aux années suivantes sera encore augmenté. C’est un peu de l’open-science ce que je vous propose là !


II/ Comprendre ses cours

🔸 Pourquoi ?

Le bachotage est sans doute la pire invention estudiantine (avec les soirées médecine). Ingurgiter des dizaines de pages et les apprendre par cœur la veille au soir ou l’avant-veille, jusqu’à pouvoir les réciter comme les paroles de notre chanson préférée, et n’en avoir plus aucun souvenir une semaine après les partiels.

Ici on va enfoncer des portes ouvertes mais c’est vraiment quelque chose d’important : la compréhension est à la base d’une bonne mémorisation. On s’évite des efforts inutiles, pourquoi s’embêter à mémoriser quelque chose et risquer de l’oublier alors qu’on peut le comprendre sans risque de le “décomprendre” ?

🔸 La méthode Feynman

Richard Feynman, 1984

Richard Feynman est un physicien et professeur de physique Américain du XXème siècle. Il a enseigné à l’université de Cornell (toujours la même) puis au CIT en Californie et était reconnu pour ses capacités d’enseignements hors pair. Grand pédagogue et vulgarisateur de talent, il a été surnommé par la suite the « Great explainer ».
L’idée de Feynman était simple : si on ne peut expliquer ce que l’on étudie à un élève de première année, alors c’est qu’on ne l’a pas compris soi même.
On peut donc résumer la méthode Feynman comme suit :
1- Choisir un sujet sur lequel on travaille.
2- Faire comme si on l’expliquait à un étudiant novice dans la matière ou à une personne plus jeune que soit.
3- N’utiliser que des mots simples pour ne pas se cacher derrière le vocabulaire.

Si l’on est capable d’expliquer la notion dans des termes simples, à une personne n’ayant aucune notion du domaine : on l’a compris. Si non, il faut revenir à l’information la plus basique que l’on connaît, et comprendre ce qui nous manque. En fonctionnant par petits paliers on finit par comprendre ce qui nous manque.

🔸 Devenir prof à notre tour

Ici on chevauche la compréhension et la mémorisation. Ce qui nous fera un pivot pour passer à la suite dès qu’on aura expliqué le concept de l’effet protégé.

Basiquement, l’effet protégé revient à enseigner à notre tour ce que l’on a appris. Dans un processus de révision, cela revient à “donner cours” à quelqu’un qui n’aurait pas compris quelque chose, ou qui ne l’aurait pas encore vu.

Outre le fait que ça augmente notre motivation à apprendre proprement les choses (eh oui, si on nous pose une question ensuite on veut être prêts), le fait d’enseigner à notre tour nous oblige à mettre en place plus de stratégies de compréhension pour résoudre les problèmes complexes, et ça augmente la rétention des informations qu’on aura mobilisées pour apprendre et expliquer.

Donc pour bien apprendre et bien retenir (on y vient), comprendre c’est une chose primordiale, et l’enseigner est bénéfique à de nombreux niveaux.

🔸 Pourquoooiiii ?

Peut-être que vous avez déjà eu ce délicat-moment de passion mêlé d’agacement quand un enfant en bas-âge découvre le monde et vous assène un « pourquoi ? » répétitif à chaque réponse que vous lui donnez. Il est possible de s’en inspirer pour mieux comprendre les cours. Prenez n’importe quelle page de votre cours, mettez le doigt sur un paragraphe/une connaissance et demandez-vous « pourquoi ? ». Pourquoi ça marche comme ça, ou qui l’a fait, etc. En gros, le plus en profondeur possible, et toujours à un niveau plus bas à chaque fois que vous trouvez une réponse. C’est une idée générale, c’est moins simple à appliquer selon le domaine d’études qui est le votre, mais quand il s’agit d’approfondir une notion c’est l’idéal.

Cours = (App+Com)prendre

-Un de mes enseignants de PACES dont je n’ai malheureusement plus le nom.

III/ Mémoriser ses cours, ce qui marche et ce qui ne marche pas.

🔸 Brisons des mythes

Cette partie va être très douloureuse. Pour beaucoup d’étudiant.e.s les méthodes que je vais citer ici sont usuelles et quotidiennes et pourtant il n’existe pas de preuve de leur efficacité véritable.

🔹Relire les cours : probablement LA méthode la plus utilisée. Si on demande à un étudiant lambda “comment tu révises tes cours ?” la réponse qu’on entend le plus souvent est “je relis mes notes”. Pourtant, on sait depuis un certain temps que les bénéfices de la relecture des notes sont minimes.
Il faut relire ses cours évidemment, mais il faut également coupler ça à des méthodes plus efficaces. Au delà de 2 relectures, le taux de rétention n’augmente pas (attention, je parle bien de simple relecture, on verra ensuite comment le faire pour que ça ait un intérêt mnésique).

Au delà de 2 relectures d’un cours, les bénéfices sont négligeables. Source du graphique : Mayer (1983; Bromage & Mayer, 1986) https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/1529100612453266

🔹Le surlignage : Et c’est peut être là le plus douloureux. Normalement oui, le surlignage devrait être efficace, puisqu’il met en évidence ce que l’on doit retenir. Mais les études sur le sujet peinent à mettre en évidence une véritable efficacité du surlignage. Certaines études mettant en avant une utilité légère et d’autres études plus conséquentes montrant une relative inutilité du surlignage.
Pour mettre en évidence quelque chose, la manière la plus efficace semble être d’augmenter la police de la chose à retenir (mettre en gras les informations importantes ou les mots clés par exemple).

MAIS, en bons scientifiques, discutons un peu de cette inutilité du surlignage. Oui ça n’aide pas vraiment à mémoriser de façon directe. Néanmoins, si vous êtes un(e) utilisat(eur/rice) des stabilos (je pense par exemple aux étudiant.e.s en médecine qui ont une collection à faire pâlir le PDG de Stabilo lui-même) vous pouvez continuer à utiliser le stabilotage comme aide concentration. Lire et surligner peut aider à rester focus sur ce qu’on lit, ça n’aide pas à apprendre mais c’est pas non plus corrélé à l’échec (à ma connaissance & rien dans la littérature scientifique à ce sujet).

🔸 La répétition espacée

La répétition espacée est la manière la plus efficace de retenir une information sur le long terme. Source de l’image : Spaced Retrieval: Absolute Spacing Enhances Learning Regardless of Relative Spacing

Vous vous êtes déjà imaginés avoir une mémoire parfaite et ne jamais rien oublier ? Au premier abord ça peut paraître très séduisant, pas besoin de réviser, on se souviendrait des cours pour les exams ce serait fabuleux.
Mais heureusement que le processus d’oubli existe. Il est là pour faire le tri dans les informations utiles et les informations superflues. Sans l’oubli, on se souviendrait de notre repas du 7 avril 2012, des expériences horribles que l’on a vécu (comme ce partiel de psychologie du développement où il fallait mettre des mots clés pour avoir la moyenne), etc.

🔹La mémoire
Je vous la fait courte, mais en gros la mémoire ça fonctionne par connexions entre vos neurones. Plus vous passez sur un chemin neuronal, plus le souvenir sera fort et facile d’accès (c’est pour ça que vous avez pas trop de difficulté à vous remémorer les paroles de chanson commerciales répétitives comme Despacito ou Baby Shark).
Donc, vu que la mémoire c’est des connexions qu’il faut entretenir, pour se souvenir il faut se servir de l’information pour la “marquer” comme utile et qu’elle reste accessible le plus longtemps possible. On en parlait dans l’introduction, la répétition espacée (et l’apprentissage distribué) c’est la clé de la mémoire. Le principe est tout simple : on va répéter l’information de nombreuses fois en espaçant les intervalles entre les répétitions. De cette façon, on maximise la mémorisation.

🔹Un exemple ?

  • Si j’ai cours le lundi à 10h, je peux relire mes notes et compléter mes questions Cornell le soir quand je reprends mes notes rapidement, ce qui fait un rappel.
  • Le rappel suivant arrive le mardi où j’irais chercher en mémoire ce que j’ai appris (pour savoir comment le faire ça vient dans la suite de l’article).
  • Le jeudi je peux faire un rappel supplémentaire, ou simplement le vendredi.
  • etc.

En espaçant ainsi les répétitions on se forge des souvenirs extrêmement solides. qu’on pourra rappeler efficacement au moment voulu.
⚠ ️Attention : ne vous surchargez pas le planning inutilement. En avançant dans le temps les rappels ne sont pas au jour près, si vous avez déjà 4 cours différents à voir vous pouvez aisément différer le rappel d’un 5ème au lendemain. ⚠ ️

Des études sont toujours en cours pour tenter d’optimiser les rappels et savoir quelle est la fréquence adéquat pour les performances optimales, mais une chose est sûre : distribuer l’apprentissage est toujours la meilleure stratégie.

« S’il y a une découverte vraiment fondamentale des sciences cognitives c’est qu’il vaut mieux distribuer l’apprentissage que le regrouper en une seule fois. Si on a deux heures d’apprentissage il vaut mieux 1/4 d’heure pendant huit jours que une seule fois deux heures. »

-Stanislas Dehaene

🔸 Les rappels actifs

Si vous ne deviez retenir qu’une seule chose de cet article, c’est cette méthode.

Un rappel actif qu’est-ce que c’est ? C’est tout simplement faire l’effort d’aller chercher quelque chose en mémoire. De cette manière on entraine notre cerveau à aller chercher les infos et on devient de plus en plus doués dans cette tâche. On retravaille la trace mnésique.

De toutes les techniques présentées c’est celle qui a le plus d’efficacité et présente les meilleurs résultats
Les rappels actifs dominent largement d’autres techniques comme par exemple le mind-mapping comme on le voit ici sur la figure ou aussi dans cette étude sur les rappels dès la primaire.

Karpicke & Blunt (2011) ; Figure 2, pannels A and C.

🔹Le principe de la technique :

Source : https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/1529100612453266 , fig. 8
  1. quand on relit un cours, la première chose à faire c’est essayer de se rappeler ce qu’on a fait les fois précédentes. Avant même d’ouvrir le cours, on amorce notre cerveau sur le cours qu’on veut bosser. 
  2. Une méthode très efficace c’est de se faire un rappel actif de ce qu’on a vu immédiatement après le cours. Au début on peut trouver ça fastidieux mais ça retravaille déjà les souvenirs et avec le temps on peut repasser 2h de cours plutôt vite.
  3. Réviser avec les questions de nos notes Cornell. Eh oui ! Quel meilleur rappel que les questions qu’on a écrit pendant nos premières révisions ? Simplissime de réviser, on prend les questions des notes et on essaye d’y répondre, puis on vérifie les réponses. Si vraiment on a essayé fortement de rappeler les souvenirs d’une question et que l’on n’y parvient pas on peut essayer de voir si on a bien compris les notions etc.

Les rappels actifs fonctionnent sur le principe du testing effect : se tester sur les connaissances permet de mieux mémoriser les choses. 
Et mieux vaut se tester régulièrement et proche de l’apprentissage ! (Spitzer (1939) & Bahrick (1979))

Dernier point : si c’est difficile de ramener l’information c’est bien ! On compare souvent le cerveau à un muscle (à tel point qu’on en fait des idées reçues), et ça n’a jamais été aussi pertinent que dans le travail mnésique. Faire l’effort d’aller chercher l’information permet une bonne mémorisation.
Fait intéressant : même si on a pas retrouvé l’information, notre cerveau a quand même fait le travail pour aller la trouver et la recherche montre que ça nous aide quand même à mieux nous souvenir les fois suivantes !

Entre la lecture, la lecture répétée, le mind-mapping et les rappels actifs, la barre verte des rappels actifs montre la plus grande efficacité.
Source image : https://science.sciencemag.org/content/331/6018/772

Et si je révise avec des livres ? Pas de problème, les référentiels de matière/les manuels fonctionnent sur le même principe qu’un cours. Les infos sont ordonnées dans les pages, et il est tout à fait possible de réaliser des fiches de questions pour les rappels chapitre par chapitre. Il suffit juste de noter en haut du document à quel chapitre se rapportent les connaissances et ensuite d’écrire les questions comme si on les notait en partant d’un cours !

🔸Utiliser les rappels actifs : zoom pratique

On se sait, on a pas toujours le temps de faire de beaux cours bien écrits. En tout cas personnellement j’ai pas toujours le temps entre mes différentes activités, les cours, les projets… d’avoir un cours bien beau bien propre. Parfois même, les questions ne sont pas dans le cours. Une fois de plus, être étudiant.e c’est arriver à deal avec l’imprévu et donc avoir des solutions externes.

Utiliser un Bloc-notes :

Admettons qu’on ait pas pris le temps pendant le semestre d’écire les questions entre chaque cours, et qu’on se retrouve en période de révisions sans les questions. C’est pas une raison pour abandonner cette technique ! On s’adapte. On prend une page word/un bloc notes annexe, et on note le nom du cours, et on déroule les questions les unes après les autres à l’arrache. Ca marche très bien aussi, c’est un peu plus galère pour aller vérifier l’information dans le cours mais ça permet d’avoir une « fiche de révision » et pour une fois, elle sera utile.

Pendant qu’on révise en relisant notre cours en décembre alors qu’on l’a pas ouvert depuis mi-octobre, on note au fûr et à mesure de notre lecture des questions sur le cours sur notre fiche. Chaque partie/sous-partie doit avoir des questions pour rester précis.e sur nos connaissances. Après un moment d’écriture (le temps d’oublier un peu), on repasse sur ce qu’on a fait. Ca fait déjà un premier rappel, ça permet de repérer quelles questions sont mal tournées/incompréhensibles, etc. Le lendemain on repasse sur les questions, etc etc.

Avoir un.e preneu.r.se de questions

Si vous prenez le cours à plusieurs sr ordi (c’est bien parce que c’est plus précis et ça limite les erreurs individuelles), donnez vous des tâches. Si il y en a deux qui prennent les paroles du prof, la 3ème personne peut noter les questions à la volée dans la marge du doc ou au dessus du paragraphe, et ça fait du boulot en moins. Banco. Pour d’autres informations sur le travail en groupe, rdv dans la partie organisation.

🔸 Les flashcards

Tant que l’on est encore dans le testing effect et les rappels mnésiques, j’en profite pour une petite parenthèse sur les flashcards.

La flashcard est un outil de mémorisation qui s’apparente à une carte (qu’elle soit physique ou informatique) sur laquelle on a noté d’un côté une question, et de l’autre côté la notion à connaître
Leur efficacité n’est plus à démontrer pour nombre de domaines : apprentissage de mots dans une langue étrangères (les kanji japonais par exemple), données brutes à mémoriser dans l’ordre (une liste de 1 à 10), la forme d’un objet à un nom (les acides aminés en première année de médecine ou en pharmacie).

Après un certain temps d’utilisation des flashcards on se rend compte qu’elles marchent plus ou moins bien selon les domaines. La raison tient à l’intérêt et l’utilisation de la flashcard : c’est un dispositif qui s’utilise dans 2 conditions :

  1. Un apprentissage qui n’est pas lié à la compréhension. Comme expliqué auparavant, on ne va pas mémoriser bêtement quelque chose qui peut être compris. 
    Le vocabulaire est un bon exemple d’utilisation de flashcards
  2. Un apprentissage linéaire. Les flashcards fonctionnent parfaitement quand on met une notion en face d’une autre. Dès que l’on augmente le nombre de parties sur un des côtés de la carte, la mémorisation diminue. 
    “Qu’est-ce que la mémoire ?” est une mauvaise flashcard car la réponse derrière n’est pas unique. C’est un bon rappel actif en revanche. Et à l’inverse, “quels sont les 3 composants de la mémoire de travail” est une meilleure question car on a une relation droite entre la question et la réponse.

Si l’idée de les faire sur papier ne vous emballe pas (et pour se simplifier la vie sur les fréquences de rappel des cartes) les applications comme Anki, Quizlett ou encore Mnemosyne gèrent ça très bien.

🔸 L’entrelacement

Infographie personnelle de la pratique des révisions entrelacées.

Le concept ayant été étudié pour la première fois en 1986, nos amis anglophones parlent d’interleaving practice, qui renvoie au fait d’entrelacer les différentes tâches pour apprendre mieux.

Méthode : Au lieu de réviser pendant 3h un cours A, puis 3h un cours B puis 3h un cours C, il vaut mieux faire 1h de A puis 1h de B puis 1h de C 3 fois. On apprend mieux en mixant les tâches.

Des exemples de la littérature ? Cette technique fonctionne par exemple pour les maths, mais aussi pour les étudiants en médecine et un meilleur apprentissage des ECG en mixant les apprentissages. Également vrai dans les mécanismes d’apprentissage machine.
Dans les hypothèses de fonctionnement actuelles, entrelacer les apprentissages peut aussi permettre de distinguer des concepts similaires qu’on apprend et ainsi éviter des confusions, user de l’interleaving permet de renforcer les associations mentales, bref : apprendre mieux. Et d’un point de vue plus… biologique, on a vu (succintement) comment fonctionnait la mémoire, et entrelacer les matières permet 1) de faire plusieurs passages, et 2) de soulager les connexions neuronales qui viennent de fonctionner pour apprendre.

🔸 Familier ≠ Connu

C’est sans doute LE plus grand piège dans lequel n’importe quel étudiant est déjà tombé. L’erreur qui consiste à prendre une information qui nous est familière comme étant connue (voir pire, sue).

Être familier d’un concept, en avoir déjà entendu parler, ne veut pas forcément dire qu’on le sait ! Si je vous demande de me nommer 3 villes d’Australie dont sa capitale, passé Sydney il y a déjà moins de gens capables de citer Melbourne et encore moins sa capitale Canberra. À l’inverse, si je vous avais demandé si vous connaissiez Melbourne, Sydney et Canberra, il y a fort à parier que vous seriez en mesure de me dire que ce sont des villes d’Australie. L’exemple est grossier, mais il a le mérite de mettre en lumière qu’il est important (encore une fois) de se tester, afin de voir si on sait quelque chose, ou si on est familier de cette notion.

🔸 Sémantiser l’information

Quand on a appris une information, elle passe d’abord par notre mémoire de travail, qui est de courte durée mais qui nous sert à manier l’information. Ensuite, cette information va être traitée par des processus plus profonds pour la faire passer petit à petit dans la mémoire à long-terme. À force de repasser sur l’information (d’où l’importance des rappels actifs, de l’apprentissage espacé, et tout ce dont on a parlé) elle va être de plus en plus stable, jusqu’au point d’arriver à quelque chose que vous n’arriverez presque plus jamais à oublier.

La mémoire sémantique c’est la mémoire des faits et des concepts, en gros c’est les informations que l’on sait, quelque part on le sait, et puis c’est tout.

D’abord on traite une info, puis on la consolide en mémoire à long terme, et à force de reconsolider en passant dessus on la stabilise en mémoire.

Si je vous demande de me dire comment s’appelle la méthode de prise de notes avec des question dans la marge, ou quelle est la méthode la plus efficace pour retenir un cours, vous allez savoir que vous avez lu l’info précédemment et la redonner. Mais, si je vous demande de me dire combien font 6×7, quelle est la capitale de l’Allemagne ou encore comment s’appelle le bonhomme qui a sorti e=mc², vous êtes capable de donner la réponse mais vous ne savez plus où vous l’avez appris. l’information sort comme ça de la tête, parce qu’on est repassé dessus des tas de fois, et qu’à force on l’a imprimé. C’est ça la sémantisation, c’est perdre le contexte d’acquisition d’une information, pour s’en rappeler parfaitement.

L’exemple de ce que je dis, expérimentalement :

  • Changes in memory awareness during learning: The acquisition of knowledge by psychology undergraduates. Conway, M. A., Gardiner, J. M., Perfect, T. J., Anderson, S. J., & Cohen, G. M. (1997)
    • Dans cette expérience, les chercheurs ont fait passer un test à des étudiants juste après le cours.
      • Ils devaient répondre et dire Remember (s’ils se rappelaient le contexte d’apprentissage),
      • Knowledge (ils savent juste),
      • Familiar (ils sont familiers avec la notion, ça leur dit un truc)
      • ou Guess (quelque chose comme « je sais pas, maybe c’est ça »)
    • Les meilleures performances sont obtenues pour ceux qui ont répondu « je me souviens » (donc R).
    • Ils ont ensuite passé un deuxième examen un peu plus tard, et les meilleures performances étaient obtenues pour ceux ayant répondu « je sais que » (K).
  • Cette expérience montre une corrélation entre R et K : les étudiants meilleurs étaient en premier lieu R puis en second temps K. Pour un vrai stock de connaissance, il faut donc « perdre le contexte d’acquisition », ne plus se souvenir, mais savoir. Le but c’est de perdre le contexte d’acquisition et de garder uniquement le sens.

IV/ Se concentrer efficacement ?

Quand on parle de concentration, chacun a sa technique ou son astuce. Et ça se comprend, on a pas les mêmes environnements, les mêmes habitudes, les mêmes besoin.

🔸 L’attention

En sciences cognitives on ne parle pas vraiment de concentration. C’est un terme plus axé chimie ou même économie, ici ce que je vais désigner communément sous le terme “concentration” est en fait le concept d’attention. Tout ce qu’on appelle « faire gaffe », l’attention, la concentration, c’est différents termes qu’on connait en laboratoire sous le terme d’attention exécutive. L’attention exécutive c’est amener dans un espace de travail mental les informations que l’on souhaite traiter. Par ailleurs, on a des réseaux neuronaux dédiés à ça.

Sans entrer dans d’inutiles détails & concepts de psychologie cognitive, l’attention résulte de 2 choses : 

  1. La sélectivité, l’endroit où on choisit de porter notre attention selon l’intérêt qu’on a (on peut parler de « faisceau attentionnel » (Posner, 1980)
  2. L’inhibition des stimuli alentours, qui pourraient nuire à la tâche que l’on souhaite réaliser.

Un exemple rapide : quel est le processus commun à celui de la lecture d’un cours en bibliothèque, le passage d’un examen et l’écoute d’un prof en amphi ? Nos trois situations nécessitent les mêmes processus décrits ci-dessus, mais en modulant les besoins : 

  • Lire un cours en bibliothèque demande de focaliser son attention et de lire le cours pour en comprendre et assimiler les concepts, et une légère inhibition des bruits alentours (et celle de l’envie de regarder son téléphone). 
  • Écouter en amphi demande une attention dirigée vers la personne qui parle, mais surtout une énorme dose d’inhibition (la capacité à faire abstraction des choses autour) pour certaines configurations (un fond de salle bruyant par exemple)
  • Et enfin le passage d’un examen demande de se focaliser sur le sujet et la restitution de connaissances, tout en inhibant nos pensées parasites afin de donner le meilleur de nous même.

Ceci étant, il est important de noter que pour ce dernier cas, il est souvent nettement plus simple de se concentrer… car entre en jeu des facteurs confondants : l’enjeu, le défi et la compétence !

Si les sciences

🔸 Le Flow

Vous vous êtes déjà sans doute retrouvé.e à commencer un livre, un jeu, un sport ou tout autre activité, et arriver 2h après en relevant la tête sans avoir vu le temps passer. Nous avons toutes et tous déjà expérimenté cela, et par conséquent l’état de Flow.

Pr. Mihaly Csikszentmihalyi.

Conceptualisé en 1975 par le psychologue hongrois Mihaly Csikszentmihalyi, le flow désigne l’état de concentration le plus intense possible.

Il est atteint dans des conditions précises qui permettent de réaliser des tâches très efficacement grâce à une attention soutenue. La littérature scientifique montre également une augmentation de la motivation associée à une tâche lorsque l’on passe par l’état de Flow.
L’activation de l’état de Flow est facteur de 2 choses : le niveau de défi de la tâche à réaliser, ainsi que la compétence perçue (à quel point on se sent compétent.e) dans ladite tâche.

Cadran du Flow
Adaptation de Csikszentmihalyi, et al., (2005 ; 1993).

L’illustration ci-dessus nous donne un aperçu des tenants et aboutissants du Flow. On retrouve sur les axes du graphique nos deux composantes : le défi et la compétence. L’image parlant d’elle-même je vais aller assez vite et en venir directement à ce qui nous intéresse : comment faire pour activer cet état de flow le plus souvent possible et donc travailler efficacement ? L’activation de cet état d’attention intense est favorisé par le niveau de défi, c’est pour cette raison qu’en examen on est souvent très concentrés et que le temps passe vite. Et il faut être compétent, toujours sur notre image d’exam… ceux où l’on a rien révisé nous paraissent bizarrement assez longs.

🔹Comment on atteint le Flow ?

  • Choisir un sujet qui soit un défi : Ni trop dur, ni trop simple. Pile dans nos cordes.
  • Se fixer un objectif sur ce sujet. Ex : comprendre les déterminants d’une bonne organisation du travail.
  • S’immerger à fond dans l’activité : Retirer les sources de distraction (téléphone, bruits, etc.) et mettre toute son attention dans la lecture/écoute du sujet.

En suivant ses étapes, on peut décider de voir tout le chapitre sur un domaine dans l’objectif d’y résumer ensuite à des collègues de promo travaillant eux sur un autre sujet. On a un sujet qui soit un défi, un objectif précis avec un rendu en fin, et on peut se lancer dedans puisqu’on a coupé les distractions.

🔸 L’attention exécutive : zoom

On l’a dit précédemment, l’attention exécutive c’est un spotlight, être capable d’amener de l’information à notre conscience pour la traîter. Le traitement peut être sémantique (comprendre le sens), mnésique (le mémoriser), procédural (réaliser un geste correctement)… Plus on est concentré sur la tâche, meilleur sera le résultat, jusque là rien d’extraordinaire. Maintenant la question c’est… comment on fait pour se concentrer ? Comment on fait pour se focus sur la tâche ? En pratique.

Pour le coup, il n’y a pas de méthode magique à donner. L’attention c’est une fonction qui s’entraine, et plus on pratique plus ça devient facile d’inhiber les stimulations externes et se focus sur ce qu’on désire. En feuilletant des documents du centre de Recherche de l’armée à St-Cyr, j’ai découvert que les méthodes de préparation des militaires et officiers gradés de groupe d’interventions de la police passent par les mêmes outils que la population générale. Ils sont juste plus poussés et travaillés régulièrement.

La méditation pleine conscience

Le titre peut faire sourire mes proches, ils savent que je ne suis pas tendre avec cette discipline qui vend monts et merveilles aux crédules du développement personnel. Cependant, si la recherche n’a pas encore établi comment fonctionne la mindfulness, et bien que les effets soient encore bien souvent ténus, certains de ses effets sont documentés et fiables. Comme celui sur le contrôle de notre attention. « La pleine conscience améliore la qualité de la relation du sujet à lui-même et au monde. Elle accroît la perception environnementale, du soi et des émotions. » dans Antonio R. DAMASIO, L’erreur de Descartes : la raison des émotions

Ces résultats ne sont pas pour autant si incroyables, et sans aller jusqu’à parler de bon sens, on revient à ce qu’on disait en introduction de cette partie (et décrit dans les manuels de l’armée également), la concentration sur une tâche demande de l’entrainement. Donc la méditation pleine conscience revient à se forcer à se concentrer sur un élément pendant quelques minutes. Si on ajoute à ça une distribution de l’apprentissage, on peut s’entraîner un peu tous les jours à le faire, et au bout de quelques mois on se retrouve avec une attention nettement meilleure qu’au départ (à condition de respecter les bonnes conditions comme le fait de ne pas avoir de parasitage avec des téléphones, télé, gens qui parlent…). L’exercice est le suivant : On s’asseoir (ou allongé) et on ferme les yeux, pour « scanner » mentalement son corps. Autre option : faire une revue mentale des sensations (se visualiser la pièce, puis les bruits, puis les odeurs… etc.). Dernière option, fermer les yeux et essayer de « regarder l’arrière de son crâne ». Dit comme ça c’est sûr que ça paraît pas convaincant, mais une fois en pratique on s’y fait vite. Encore une fois, c’est à force de pratique qu’on s’améliore et qu’on augmente la concentration.

A titre d’idées pour s’entraîner, les Yogi utilisent le Trataka. L’objectif est simple, fixer le point central le plus longtemps possible, sans se laisser distraire par ses pensées ou tout autre élément extérieur. C’est rien de plus que de l’entrainement de l’attention exécutive, mais j’imagine que ça doit fonctionner un peu comme la mindfulness si pour vous rester les yeux fermés pour vous concentrer sur l’arrière de votre crane ou faire un body-scan est trop compliqué au début. C’est assez peu documenté, c’est surtout à titre d’idée/exemple, mais voilà la littérature existante sur le sujet : Sharma , 2020 ; Swathi 2021 ; Tin, 2015 ; Kumar, 2023). – Le cercle se télécharge ou se refait facilement, ça doit fonctionner avec n’importe quel point visuel.

🔸 Mentions honorables en termes de concentration

Pour laisser son téléphone quand on travail, si jamais le fait de le laisser dans une poche ou dans un sac ne suffit pas on peut avoir recours à différentes applications qui bloqueront notre téléphone pour nous. On peut citer Forest (Android) ou encore Marscraft (IOS). Entre potes, j’ai hérité de mes journées en bibliothèque pendant ma PACES la technique de la Phone Tower, où tout le monde pose son tel au centre de la table pour faire une tour. La première personne à toucher à son tel (en dehors des pauses) paie le café à tout le groupe.

Niveau Musique, les recherches montrent que la musique pour le travail intellectuel a un intérêt, mais que cette musique doit être sans paroles et surtout éviter la musique forte et très rapide qui distrait le cerveau. Une équipe de chercheurs de l’équipe de l’université de Lille et de l’université côte d’Azur a créé cette playlist qui semble être adéquat (je n’ai pas vérifié). Enfin, plus récemment (2022) la musique a montré des effets dans la confiance en soi et le bien-être chez les étudiant.e.s donc pourquoi s’en priver ?

La respiration et l’hydratation jouent également un rôle dans notre concentration et notre humeur. Un cerveau sous-alimenté que ce soit en oxygène ou en nutriments fonctionnera moins bien et on a tendance à se distraire. C’est assez logique, notre cerveau a beau être une machine qui consomme peu d’énergie (seulement 20 watts) elle a quand même besoin de carburant ! Et ça se trouve dans les nutriments de notre nourriture, ainsi que les minéraux de l’eau ! Boire de l’eau améliore les performances cognitives significativement, au points que les performances peuvent aller du simple à presque le double. L’oxygène est rangé dans la même catégorie, ça fait tourner la machine, donc lorsqu’on se sent partir quelques gorgées d’eau et quelques respirations sont toujours ça de pris dans la lutte contre la fatigue et la surcharge cognitive (l’épuisement étant relié négativement à l’apprentissage).

En parlant de boisson, on rappelle que la caféine est une substance qui dispose d’une demi-vie de 4 à 6 heures. Le café va donc rester dans l’organisme très longtemps, c’est un outil fabuleux pour chasser un petit coup de barre après le repas de midi ou pour un coup de boost à 14h, mais qui ne remplacera jamais une vraie nuit de sommeil (et dire que j’ose dire ça alors qu’il est actuellement 2h26 du matin quand j’écris ces mots). Tout ingestion de café après 17–18h commence déjà à avoir des effets sur le sommeil. Et en parlant du sommeil…


V/ Sommeil & Motivation

🔸 Le sommeil et l’apprentissage

De la même manière que la caféine va dégrader la qualité de notre sommeil, c’est exactement la même chose pour le téléphone avant de dormir (ou un épisode de Sherlock en guise de somnifère… c’est vraiment pas idéal). La lumière bleue des écrans empêche l’éphiphyse (aussi appelée glande pinéale) de notre cerveau de sécréter de la mélatonine, l’hormone du sommeil. Donc avant de dormir on évite, et si c’est pas possible que vraiment on ne peut pas s’en passer, au moins on active le filtre anti-lumière bleue le soir. Votre sommeil vous remerciera.

La mémoire et la concentration sont deux capacités directement reliées au sommeil. Un manque de sommeil ou un sommeil de basse qualité affecte directement la concentration des étudiants, ainsi que leur mémoire comme cela a été observé en imagerie cérébrale. Plus encore, le sommeil affecte la qualité de la mémorisation et le fait de dormir permet de consolider les apprentissages réalisés. Donc en période de révisions, si on veut augmenter la rétention, on peut faire la sieste ! Lorsque l’on dort, notre cerveau travaille toujours. Pendant la nuit on alterne des phases de sommeil léger, lent-profond et paradoxal (REM pour les anglais), et pendant ces différentes phases notre cerveau consolide les apprentissages, et s’il fait tous ses cycles de sommeil c’est le mieux pour la mémoire !. Dormir après un apprentissage permet d’apprendre, mais le simple fait de bien dormir la nuit favorise nos différents apprentissages.

Autre point, la régularité du sommeil est aussi importante que la durée de celui-ci. Il est donc important de se coucher à la même heure chaque soir. J’en profite d’ailleurs (car je ne fais pas toujours exception à la règle) pour un petit rappel : réviser ou dormir, c’est pas un choix à faire. Le fait d’étudier tard le soir plutôt que dormir ralentit le traitement des informations qu’on apprend dans la journée.

Ellenbogen et al., 2006 sur l’importance du sommeil. Le groupe sommeil a des performances en mémoire nettement supérieures au groupe sans sommeil, et ce que l’on ait un apprentissage simple, ou avec une interférence (i.e. une information « parasite » à apprendre en plus)

🔸 Ne pas se décourager & rester motivé

Souvent, on a une montagne de boulot à faire (en réalité pas tant si on s’organise comme décrit plus bas, mais la vie étudiante c’est avant tout du freestyle par moments, donc ça arrive d’être aux fraises et d’avoir un max de trucs ou juste pas de motiv). La motivation est un concept très important et crucial pour la réussite scolaire. Mais il me faudrait un article entier pour le traiter, c’est un processus très complexe mais je suis pas expert donc je me contenterais de petites astuces pour piéger notre cerveau.

Le découpage 3x3x3

Si votre boulot vous paraît insurmontable en terme de quantité (par exemple un gros projet de fin d’année), l’astuce c’est de prendre une feuille ou un bloc-notes informatique et de découper le travail à faire en 3 parties. Ces 3 parties sont ensuite subdivisées en 3 parties, elles-mêmes coupées en 3.

On découpe le projet en un début, un milieu et une fin, qu’on découpe en 3 parties chacunes, et ces sous-parties sont re-découpées. De cette façon, notre projet est structuré, visible à une échelle qui nous rassure, et surtout ça devient facile de réaliser chaque petite étape. Pas besoin de regarder le nombre qu’il y en a (juste les deadlines), le tout c’est de cocher des parties. Arrive à un moment où on est dans le dernier tiers, et on a pas vu le temps passer.

Les 5 minutes

J’ai souvent entendu des potes me dire « une fois lancé ça va, mais c’est trop dur de m’y mettre ». Fun fact : tout le monde est pareil, c’est se lancer le plus dur. Que ce soit pour réviser, faire le ménage, remplir une déclaration d’impôts ou une demande d’éthique pour un projet de recherche… on a la flemme de s’y mettre. Pour ça, on va passer un petit contrat avec nous-même : on bosse JUSTE 5 minutes. On se met au boulot, pour de vrai, pendant 5 minutes, loin des distractions, téléphone posé etc. Si au bout de 5 minutes de travail, on est toujours pas stick à notre boulot, que notre esprit ne fait que partir etc. alors on laisse pour le moment, on va faire autre chose dans ce qui nous distrait. Spoiler alerte : la plupart du temps vous serez lancé.e et ce sera parti pour une bonne session de travail, on a réussi à rendre le travail moins horrible en ne s’engageant pas dans quelque chose d’important. Mais en mettant le doigt dans l’engrenage, ça aura suffit (similaire à certaines techniques de TCC apprises auprès de collègues compétentes que je remercie).

L’effet Netflix

Le titre paraît surprenant je sais, pourtant c’est la meilleure analogie que j’ai trouvé pour vous expliquer ce qu’une équipe de chercheurs japonais a appelé l’Effet Hemingway. Vous comme moi, on a tous déjà regardé une série de façon un peu compulsive, et à cette occasion expérimenté ce petit cliffhanger à la fin d’un épisode pour nous donner envie de voir le suivant. Vous voyez où je veux en venir ? C’est le propos dans le papier des chercheurs, si on arrête une tâche juste avant qu’elle soit finie, on a envie d’y retourner pour la boucler ! C’est documenté dans d’autres recherches que si l’on ne peut pas finir ce qu’on a commencé, on va vouloir le terminer même si la tâche nous ennuie ! Banco, si on a 3 matières à réviser, avec une pause entre chaque (entre chaque rotation hein, parce qu’on interlace les matières), ou au moment de la rédaction d’une partie d’un document, on en laisse un tout petit bout inachevé pour avoir envie d’y retourner après la pause.


VI/ Une organisation intelligente

Ici on entre dans la partie organisation, elle est nettement moins sourcée car je n’ai pas pu mettre la main sur des études solides qui testent solidement les méthodes d’organisations pour étudier (est-ce que c’est seulement possible ?). On reste donc dans ma vision des choses qui n’est évidemment pas la meilleure, mais vous pouvez y donner un essai, prendre des petits bouts à coller à vos propres habitudes, c’est une méthode pour les gens qui savent pas trop comment s’y prendre… elle fonctionne plutôt pas mal.

🔸 Pourquoi j’ai horreur des plannings prospectifs ?

Un planning quoi ? Si on simplifie les choses, il existe 2 types de planning : prospectif & rétrospectif. Les plannings prospectifs sont les plus connus, on prévoit ce qu’on va faire à l’avance et on le réparti dans le temps . Exemple : lundi entre 8h et 12h je réviser les maths, puis de 13h à 16h je révise le cours d’histoire, puis je fais mon TD pour le mardi de 16h30 à 18h30, etc. Cette méthode pose néanmoins 2 problèmes majeurs qui sont à mon avis des points stratégiques quand on est étudiant.e :

🔹Problème n°1 : bien souvent, les plannings prospectifs ne prennent pas en compte les imprévus de la journée. Si on a un travail imprévu à faire, un pépin, ou tout autre évènement qui pourrait faire glisser notre planning, on finira soit en retard soit pas du tout.

🔹Problème n°2 (et le + gros pour moi) : on s’y tient pas. Si vous êtes un.e spartiate de l’EDT, capable d’une discipline de fer et d’un mental tout aussi solide pour tenir les délai et les créneaux j’applaudis des deux mains, vous pouvez passer à la partie suivante. Mais oour beaucoup de gens, réaliser de beaux plannings c’est faisable, mais au moment de s’en servir et de s’y tenir c’est beaucoup plus difficile (et ça rejoint le problème précédent, le planning qui glisse).

🔸 Le planning de révision rétrospectif

Je ne sais pas à qui attribuer l’idée de ce planning, la première fois que je l’ai vu c’était sur la chaîne YouTube d’Ali Abdaal qui présentait sa façon de voir les choses, et c’est à ce jour la description la plus complète que je connaisse du planning de révision rétrospectif, allez la voir c’est un bijou.

Le principe : plutôt que de prévoir à l’avance ce qu’on va faire et s’y tenir, on va cocher ce qu’on a fait après qu’on l’ait fait. Et on va s’évaluer sur l’état des connaissances une fois terminé. (facile à déterminer vu qu’on a des questions à se poser et des rappels actifs à faire !)

Chaque couleur détermine un niveau de connaissance, le mien a 5 couleurs : 
– rouge : je ne le connais pas.
– orange : j’ai regardé un peu le cours.
– jaune : je commence à le connaître bien.
– vert : je gère le cours.
– bleu (rare) : je suis capable de refaire le cours à quelqu’un sans mes notes.
Ou avec des nombres dans une marge, de “1- je ne connais pas le cours” à “5- je suis capable de refaire le cours à quelqu’un sans mes notes”.

Exemple simple d’un planning rétrospectif.

On peut donc esquisser un planning qui ressemblera à celui ci, et qui permet de voir directement ce qu’on a fait, là où on a des lacunes, et ce qu’on peut bosser en priorité !! Le planning rétrospectif gère les difficultés des matières ET la temporalité des révisions.

Le planning rétrospectif a l’avantage de nous permettre de repasser plus souvent sur les matières qui nous posent problème. Je suis très doué en dessin ? pas de problème, j’ai pas besoin de beaucoup de rappels. Par contre en SVT & Français j’ai des difficultés donc je dois travailler plus cette matière. Idem au niveau du temps, si j’ai 2 cases en jaune, je peux réviser celle qui date d’il y a plus longtemps pour retravailler mes souvenirs de cette matière etc. 
Dans notre exemple, le français et l’histoire sont tous les deux en jaune mais je n’ai pas fait d’histoire depuis le 11 alors que le français est + récent, donc je vais reprendre mon cours d’histoire.

Exemple sorti de mes cours de L2 (à l’époque mais toujours d’actualité)
pour illustrer la technique. (avec les chiffres pour la connaissance).
  • En résumé :
    • Pas besoin de prévoir 50 ans à l’avance.
    • Vue d’ensemble des sujets et de notre niveau confiance (métacognition !) : On voit l’ensemble du boulot, et on peut sélectionner ce qui a le plus besoin d’être bossé.
    • Permet de penser en termes de sujets plutôt que de temps. Quand on a horreur du bachotage, savoir qu’on sait son cours permet d’aller faire autre chose.
    • Prise en compte des imprévus : Un truc à gérer au dernier moment ? Un jour de flemme intense (oui, ça existe, et oui chez tout le monde) ? Pas de problème, on sera pas en retard vu qu’on peut cibler les matières utiles.
  • Simple, efficace.

🔸 Bosser à plusieurs

Je suis et je resterais un grand défenseur du travail d’équipe. J’ai détesté chaque seconde de l’ambiance compétition de la PACES, de la sélection pour les masters en Licence, et du pseudo-concours qu’on peut parfois voir entre les gens pour obtenir une thèse. Même si ça m’a parfois coûté dans mon parcours de partager ce que je sais et comment je le fais (comme maintenant quelque part), je reste concaincu que la connaissance ça se partage, en sciences comme ailleurs et qu’à plusieurs on avance toujours mieux.

Prendre un cours c’est fastidieux. Comme on l’a dit avant, le prof parlera toujours plus vite que l’on note, mais c’est pas très grave parce qu’on a pas besoin de tout noter, il suffit de prendre l’important. MAIS. Mais on oublie dans cette équation le facteur fatigue, et le facteur motivation. Sauf que l’un comme l’autre, ils fluctuent car on est des humains. Et comment on palie aux imperfections individuelles ? En moyennant les performances d’un groupe.

Prendre le cours à plusieurs

La première chose donc, c’est de prendre le cours à plusieurs. Dans l’idéal, il faut réussir à le faire sans y repasser 10 fois car en prenant le cours à plusieurs on minimise les erreurs. Tous les outils sont possibles : une page Notion à plusieurs, un Google doc partagé… peu importe. Le tout c’est d’être en mesure de prendre plus/moins simultanément. Pendant qu’une personne écrit le début de l’idée du prof, la seconde personne reste attentive pour écrire la fin de l’idée qui est souvent 3 ou 4 digressions après. Même les phrases les plus longues sont simples à noter, et ça économise beaucoup, beaucoup, beaucoup d’énergie mentale.

L’idée c’est de ne pas hésiter à anticiper ce que la personne qui note pourrait louper, regarder ce qu’elle écrit et à quelle vitesse permet d’anticiper (environ) jusqu’où elle pourra noter la phrase et donc commencer à écrire à partir dudit endroit pour prendre le relai. Même chose pour les schémas, si une phrase de cours est relié à un schéma ou une illustration qu’il faut refaire dans le cours, pendant que l’un (ou deux) note, la 2ème ou 3ème personne se colle à faire le schéma rapidement sur excalidraw pour le coller dans le cours et gagner du temps.

En divisant le travail de la sorte, on se marche pas sur les pieds, et on loupe pas de notions importantes. Point bonus : dans des créneaux épuisants où l’énergie se fait rare (par ex. après manger ou le célèbre 17h-19h), il suffit de se relayer pour prendre des notes. Le relais diminue les efforts individuels à fournir.

C’est une méthode que j’ai utilisé avec mes deux compères Kévin & Lisa lors d’une semaine intensive de cours à Lyon, où on repart avec un cours presque nickel alors qu’énergie et motivations étaient bien bien loin.

Se motiver

C’est un conseil plus général, qui pourrait couler d’une certaine forme de bon sens, mais qu’il est toujours utile de rappeler. La motivation c’est difficile et ça fluctue, même avec les bonnes méthodes. C’est donc le rôle d’une équipe de se motiver les uns les autres pour aller en cours, prendre des notes et s’accrocher. On est pas tous égaux en moral et motivation, donc on va avoir des moments de down à différents moments de l’année : parfois en octobre quand les jours raccourcissent, d’autre en novembre (la célèbre novembrose) et certain.e.s en fin de course avant les partiels. A plusieurs, on s’assure qu’il y ait toujours plusieurs personnes de disponible mentalement pour garder les autres à flots.

Même si sécher cet amphi le jeudi matin par déprime semble attirant, avec des ami.es capable de vous tirer en cours vous aurez peut-être passé un peu de temps sur une matière et limité les restes à rattraper pendant les révisions. Même en cours, des fois on a juste plus envie de bosser mais à voir les autres, ça re-donne un peu de baume au cœur, le côté « tous ensemble ».

BREF, serrez vous les coudes, les loups solitaires en études sup ça existe pas.


Le résumé : comment étudier avec cette méthode ?

On arrive au bout, il est temps de mettre tous les éléments tactiques ensembles dans une belle stratégie coordonnée.

“Une stratégie sans tactique est la plus lente route vers la victoire. Tactique sans stratégie, c’est le bruit avant la défaite.” 

– Sun Tzu

Le résumé de la méthode de travail est le suivant : 

  1. On va en cours en prenant en note ce que raconte la/le prof, on le note de façon rapide et efficace avec des listes, des abréviations, etc. Si c’est trop dur, on se divise le travail à plusieurs sur les notations comme la motivation.
  2. Pendant le cours, je reste attentif et concentré sur ce que j’apprends. Sinon c’est comme si je n’apprenais rien. Évidemment je m’hydrate pendant l’apprentissage.
  3. Le soir/après les cours on reprend ses notes rapidement (pas trop longtemps car on est fatigué donc on ne veut pas se cramer) pour corriger les erreurs, compléter ce qui nous manque et faire les premiers rappels
  4. Je dors, en quantité, toujours aux mêmes heures pour garder un rythme et faciliter le travail des rythmes de mon cerveau.
  5. Pour rester motivé.e, je découpe mon travail et je m’y mets quelques instants même si je sens que je n’ai pas envie, juste pour voir si ça vient.
  6. Pour réviser je regarde dans mon planning rétrospectif quelle est la matière qui me pose le plus de problèmes à l’heure actuelle (selon l’ancienneté) et je réfléchis à son contenu.
  7. Ensuite je reprends mes notes et je lis les questions que je me suis posé les fois précédentes dans la section rappels en faisant l’effort d’aller chercher la réponse en mémoire pour l’entrainer et travailler la trace mnésique.
  8. Si c’est possible, expliquer le cours à quelqu’un (réel ou fictif) avec des mots simples pour se forcer à détailler les concepts et vérifier si on a vraiment compris le cours.
  9. On alterne ensuite avec une autre matière au bout d’un moment pour maximiser la compréhension et la mémoire.
  10. J’essaie de prendre les matières à réviser en espaçant les rappels pour maximiser la mémorisation.
  11. Les siestes sont également un bon moyen de laisser notre cerveau travailler & réviser après une séance de révision où on va se reposer.
  12. Je me teste très régulièrement, au minimum avec les recall et au mieux avec des annales/QCM, pour contrôler l’assimilation des connaissances, et ce dès le début de l’apprentissage. C’est en se plantant qu’on apprend, si on ne fait pas d’erreur on apprend pas.

Avec tous ces éléments fonctionnant à l’unisson, je dis pas que c’est tous les jours le bonheur, mais on prend beaucoup plus de plaisir à aller en cours, réviser, et passer des exams.


Conclusion

Nous voilà arrivé.e.s une fois de plus au bout d’Evidence Based Révisions. Elle augmente en qualité chaque année, grâce à vos retours, et j’espère sincèrement que cette version 2024 vous aura plu, qu’elle vous sera utile et que vous pourrez vous en servir pour votre propre réussite. N’hésitez pas à le partager autour de vous : à l’université, au lycée, etc. Vous pouvez vous servir de tous les passages de l’article librement, la seule chose c’est de me citer quelque part (n’importe où je suis pas chiant pour ça, mais c’est toujours cool de citer ses sources), et on termine ici cet article déjà très long.

Bonnes révisions !

“ L’apprentissage est la seule chose que l’esprit n’épuise jamais, ne craint jamais et ne regrette jamais.”

Léonard de Vinci

Sources :

j’ai consigné ici toutes les sources qui m’ont aidé de façon générale pour l’article et que je n’ai pas mis en lien direct.
https://www.apa.org/science/about/psa/2016/06/learning-memory
https://lsc.cornell.edu/
https://en.wikipedia.org/wiki/Forgetting_curve#Equations
http://www.natefacs.org/Pages/v30no1/v30no1Quintus.pdf
https://en.wikipedia.org/wiki/Cornell_Notes 
– Agarwal, P. K. (2020). Retrieval Practice: A Powerful Strategy for Learning
Retrieval Practice. Unleash the Science of Learning.
Pan, S.C. (2015). The Interleaving Effect: Mixing It Up Boosts Learning.
Weinstein, Y. & Smith, M. (2016). Learn How to Study Using… Spaced Practice.
https://www.gwern.net/docs/spacedrepetition/1939-spitzer.pdf
Improving Students’ Learning With Effective Learning Techniques: Promising Directions From Cognitive and Educational Psychology — John Dunlosky, Katherine A. Rawson, Elizabeth J. Marsh, Mitchell J. Nathan, Daniel T. Willingham, 2013 (probablement LE papier de référence)

What works, what doesn’t, John Dunlosky et al., Illustrations by Celia Johnson
https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/1529100612453266
https://www.scientificamerican.com/article/the-interleaving-effect-mixing-it-up-boosts-learning/ 
https://www.bmj.com/content/365/sbmj.k663.abstract

https://ncase.me/remember/fr.html

Eight Ways to Promote Generative Learning

Edit :

Je remercie Malra qui m’a montré la vidéo de Science Étonnante qui traite du sujet ainsi que l’article de blog, que je n’avais tout deux pas vu passer mais qui sont bien plus court et digestes que l’énorme résumé que j’ai posé ici.


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